[LIVRE/DEBAT] Le livre numérique, c'est le futur de demain
Publié : dim. 28 oct. 2012, 14:58
N.B : Le mot "livre" ici recouvre l'objet livre. On parle aussi bien de littérature (romans, nouvelles, etc) que de BD (franco-belge, comics, romans graphiques) ou que pratique et beaux livres.
J'ouvre ce débat pour voir ce qui ressort de votre côté de l'arrivée sur le marché des liseuses, tablettes, etc. Mais pour éviter les simples "non, y a pas de matérialité" ou les "non, de toute façon c'ets trop cher ça ne marchera jamais parce qu'on préfère l'odeur du papier", je vais vous faire un petit historique des changements que le numérique impliquent.
Le numérique, c'est la suite du rouleau, du livre relié et du livre poche
Généralement, on ne veut pas du numérique parce qu'on ne sent plus le livre. Aujourd'hui, e livre n'est plus une source de connaissances mais un bien culturel hyper-matérialisé. On achète un livre pour son intrigue, mais les éditeurs ET les lecteurs font de plus en plus attention aux couvertures, quitte à aller dans le cliché pour toucher un maximum de gens. Le livre est donc devenu un objet, un outil de consommation.
De là , plusieurs débats en découlent :
- les pro-numériques : ils veulent revenir à l'essence même du livre : les mots. Sans matérialité, on ne peut se concentrer que sur l'intrigue. Cette idée n'est pas fausse, mais nous sommes tellement dans une culture de la collection et de l'achat que nous souhaitons toujours avoir le livre chez soi, bien rangé dans la bibliothèque. Il est plus convivial d'avoir une bibliothèque fournie qu'une étagère où sont rangés pêle-mêle des cahiers, les factures et une liseuse.
Le livre vit une vraie révolution avec l'invasion des technologies. Nous faisons partie des mammouths, de la pré-histoire. Les enfants d'aujourd'hui savent parfois mieux manier un objet tactile que ses parents. Tout va trop vite et le livre en tant qu'objet est une de nos bouées de sauvetage pour rester dans le monde réel.
- les pro-écologistes : les livres tueraient trop de forêts donc il est normal de passer au numérique. Débat très houleux et stérile la majeure partie du temps, d'autant plus que c’est faux, le livre n'est pas le grand destructeur des forêts.
- les artistes et les éditeurs engagés (même chez les plus gros) : le numérique n'est qu'une étape supplémentaire de la construction de la page. Nous avons eu le rouleau qui prenaient moins de place que la tablette de pierre mais qui n'était pas facile à lire. Le livre cousu a été le moyen pour les moines et les savants de se faire connaître de leur entourage durant des siècles. Si nous sommes restés à cette étape depuis la fin de l'Antiquité, c’est parce qu'on optimisé la matière de la page, la mise en page des textes et surtout le recyclage. Après les peaux, le parchemin, les chiffons et le papier à base de bois, le numérique s'ouvre comme une ouverture potentielle vers l'éternel recyclage et vers une nouvelle sorte de mise en page.
Plus portatif qu'un livre de poche et avec une qualité de lecture de pus en plus confortable, il devient plus intéressant d'acheter un livre numérique plutôt qu'un livre de poche au papier recyclé, dont l'encre reste sur vos doigts parce que l'éditeur a décidé d'avoir une qualité d'impression basse pour un meilleur rendement.
Le combat des prix : livre de poche contre livre numérique
Peu importe ce que vous lirez des gens qui haïssent les éditeurs, notamment les libraires, si le livre numérique est si haut ce n'est pas forcément pour se faire du fric. Ça l'est quand même, mais tous les éditeurs cherchent actuellement un moyen de placer le livre numérique dans l'économie du livre.
Seule la jeunesse semble s'en sortir car elle peut créer des entités uniques ou reprendre leur fonds pour l'enrichir à partir d'animations simples ou de sons. Pour le moment, la littérature souffre d'un combat entre le livre de poche et le livre numérique. Si des lois ont été votées pour que le prix numérique s'aligne sur le prix du livre poche, la remise des libraires ne s'applique pas. En d'autres termes, si vous achetez votre livre à la Fnac/à Virgin avec votre carte adhérent ou sur Amazon.com et Fnac.com, le livre de poche vous paraîtra toujours moins cher.
Idéalement, le but serait de mettre le livre numérique en queue de réédition. Le problème étant que les gens qui achètent leurs liseuses veulent des livres de suite et surtout des nouveautés. Parce que les classiques, ils sont gratuits mais on aimerait bien rentabiliser un peu l'achat de la machine. C'est que vous voyez que les dernières sorties coûtent seulement 10% que le livre physique. Le livre numérique n'a donc aucune place pour le moment et chacun fait un peu à sa sauce. La législation autour du livre numérique est floue et le ministère de a culture actuelle essaie de rétablir l'ordre, en cohésion avec les lois européennes.
Le numérique : la mort des librairies indépendantes ?
C'est tout nouveau, tout neuf et seules les grandes surfaces culturelles ou les pure players (entreprise ne venant originellement du secteur pour lequel elle vend ses produits. Ex : Amazon et les couches pampers / Google et les smartphones) sont capables de proposer des liseuses ou des tablettes. Les supermarchés et les hypermarchés essaient de rattraper leur retard. Leclerc et Casino ont été les premiers avec Virgin à proposer le Kindle en France. Auchan fait partie des bénéficiaires de la Nexus 7, etc.
Les librairies indépendantes, déjà bien attaquées par la VPC d'Amazon, se sentent au bord du gouffre et complètement lâchées par les éditeurs. L'ambiance n'était déjà pas au beau fixe. A moins de créer un partenariats avec un constructeur de liseuse, la librairie ne peut pas s'assurer sa pérennité pour l'avenir du livre. Car le livre numérique est là , il ne partira pas. La solution est donc de faire cotoyer les deux formats, côte à côte. Qui dit liseuse, dit formation pour aider les clients à récupérer leurs livres numériques : téléchargement sur les sites, factures automatiques, etc. Il faut donc que les libraires soient formés ou qu'ils embauchent un nouveau personnel. Chose impossible avec la crise qu'ils passent. Les DRM, hantise absolue de tout le monde, n'est pas plus le meilleur moyen de se protéger et, bien au contraire, fait fuir tous les lecteurs potentiels.
Certains enseignes de librairies indépendantes s'essaient aux partenariats. Chapitre est avec France Loisirs mais propose aussi sa propre liseuse.
Le numérique : une flopée de devices qui tourne la tête
On ne comprend plus rien. Liseuses ? Tablettes ? Liseuses à écran rétro-éclairés mais en fait non ? C'est quoi un reader aussi ? Petit tour vers des définitions simples.
Liseuse / reader : device de la taille d'un livre de poche qui permet de lire en noir et blanc de la littérature. Utilise l'encre électronique, du même genre que les Game Boy ou les tableaux magiques de notre enfance. Aucune gêne durant la lecture car similaire à une feuille de papier.
Tablette : modèle réduit du netbook, le clavier et les logiciels de bureautique en moins. Objet destiné au divertissement pour y télécharger des applications, des films, des livres ou consulter le net. Permet de lire des BD en couleurs.
Tous les ans, vous verrez de nouvelles générations de liseuses. En trois ans, on est passé de la liseuse de la taille d'un livre grand format avec un écran grisâtre type game boy à une liseuse avec avec lumière intégrée pour lire dans le noir. Mais attention, la lumière est dirigée vers la feuille. Soit dit en passant, si la lumière est forte, il y aura réverbération sur vous puisque la feuille est blanche. C'est le même phénomène que quand vous allez au ski. L'année prochaine, peut-être que les liseuses seront à encre électronique en couleurs !
L'arrivée fulgurante du numérique dans les foyers les moins démunis enclenche une bataille des prix tout aussi puissante. Les constructeurs et vendeurs se taclent pour savoir qui sortira l'outil le moins cher. Petit tour d'horizon actuel :
- la Fnac est en partenariat avec kobo, racheté par Rakuten. Il existe 3 versions de liseuse (tactile normal, tactile mini, tactile éclairé) et une tablette de 7 pouces.
- Amazon s'est lancé dans la production de liseuse, de tablettes et dans la promotion de l'auto-édition. Très mal vu de toute la chaîne éditoriale car il tend à tuer tous les métiers des maillons, il n'en reste pas moins que leurs produits répondent à des attentes simples et directes pour les particuliers sans librairie à proximité.
- Apple régit les éditeurs français. C'est Dieu. Il est le seul à pouvoir donner la possibilité de créer des mises en page fixes pour les epubs actuellement. Il dirige les conditions des prix, de référencement, de censure, etc. Les produits sont connus.
- Cybook se vend chez Virgin et Chapitre. Il tente de percer comme un constructeur franco-français, vendant des produits français en Europe. Le phénomène de marques des deux premiers visent à le faire oublier. Du coup, ses innovations technologiques qui sont testées depuis longtemps dans leur locaux n'apparaissent que tardivement, quand les plus gros ont déjà acheté le brevet. Cybook se limite aux liseuses mais tient à être le premier à sortir une liseuse en couleurs.
- txtr a fait le buzz d'un des plus gros salons de l'édition. Pour 10€, vous avez une liseuse noire et blanc pour lire vos romans et c'ets tout. Pas de wifi, pas de 3G, pas d'applications. Juste une bibliothèque. Le constructeur souhaite qu'elle s'étende dans tous les foyers européens en la proposant aux services de téléphonie nationaux.
Absolument toutes les machines se valent. Vous n'achetez pas un produit en fonction de ses capacités, mais par rapport à son bouquet d'offres. La Fnac est française et compte sur la fidélisation de ses clients et de ses coups de pubs pour faire entrer le numérique dans les foyers de grands lecteurs (plus de 20 romans par an). Amazon veut radier Apple d'Europe pour devenir le maître du monde. Ils ont aussi un excellent relationnel avec ses clients et se plient à leurs demandes pour les fidéliser. Cybook est encore méconnu et subit de nombreux dommages : qualité de produits réduite, défauts de fabrication, OS bugué, etc.
La bataille des tablettes / liseuses est commerciale, mais aussi une question scientifique. Qui réussira le prodige de combiner toutes nos utilisations sur un même support ? Téléphone, mails, internet, lecture, applications, etc. De même, des scientifiques se penchent sur des questions d'ordre physique : rendre roulable le device par exemple.
Et l'écriture dans tout ça ?
Internet n'a pas attendu la révolution numérique du livre pour ouvrir des plate-formes communautaires avec commentaires des lecteurs. Cependant, certains auteurs tentent de centraliser ce système sur leur propre personne : tenir un blog feuilleton et faire participer les lecteurs en écoutant leurs avis. La place de l'éditeur est en jeu, ne croyez pas que le numérique ne réprimande que les acheteurs ou les revendeurs. L'auteur tend de plus en plus à devenir auto-éditeur. C'est la situation rêvée parce qu'on pense qu'on dépense moins d'argent. Hors, les plateforme d'auto-édition ne sont pas forcément au point. Vous pourrez hurler en voyant la qualité déplorable des epubs, les mauvaises coupes, les retours chariots, etc. L'epub, c’est le futur de demain mais il faut savoir le penser. Un auteur a déjà beaucoup de travail à faire de son côté et ce n’est pas parce qu'on dématérialise un objet que l'on peut tout faire soi-même. Le livre subit le même engouement qu'à la période de la grande bulle de l'informatique.
A côté de ça, les écrivains veulent revoir leurs droits d'auteur à la hausse. Sujet très sensible car elle implique de voir réellement combien coûte un livre numérique à un éditeur (gros éditeur = service de fabrication donc gens supplémentaires). Le Syndicat des Auteurs pourra vous donner l'aperçu très revendicateur.
Et les lecteurs dans tout ça ?
A vous de donner vos impressions. Elles seront peut-être négatives, mais sachez que nous ne sommes qu'au début d'une nouvelle ère. Il est normal de rejeter en bloc un tel phénomène, surtout dans une société de consommation comme la nôtre. Rappelez-vous que pour le moment, on tend aussi faire acheter les lecteurs pour avoir des retours d'eux. Ce n'est que comme ça que le secteur de l'édition pourra évoluer.
J'ouvre ce débat pour voir ce qui ressort de votre côté de l'arrivée sur le marché des liseuses, tablettes, etc. Mais pour éviter les simples "non, y a pas de matérialité" ou les "non, de toute façon c'ets trop cher ça ne marchera jamais parce qu'on préfère l'odeur du papier", je vais vous faire un petit historique des changements que le numérique impliquent.
Le numérique, c'est la suite du rouleau, du livre relié et du livre poche
Généralement, on ne veut pas du numérique parce qu'on ne sent plus le livre. Aujourd'hui, e livre n'est plus une source de connaissances mais un bien culturel hyper-matérialisé. On achète un livre pour son intrigue, mais les éditeurs ET les lecteurs font de plus en plus attention aux couvertures, quitte à aller dans le cliché pour toucher un maximum de gens. Le livre est donc devenu un objet, un outil de consommation.
De là , plusieurs débats en découlent :
- les pro-numériques : ils veulent revenir à l'essence même du livre : les mots. Sans matérialité, on ne peut se concentrer que sur l'intrigue. Cette idée n'est pas fausse, mais nous sommes tellement dans une culture de la collection et de l'achat que nous souhaitons toujours avoir le livre chez soi, bien rangé dans la bibliothèque. Il est plus convivial d'avoir une bibliothèque fournie qu'une étagère où sont rangés pêle-mêle des cahiers, les factures et une liseuse.
Le livre vit une vraie révolution avec l'invasion des technologies. Nous faisons partie des mammouths, de la pré-histoire. Les enfants d'aujourd'hui savent parfois mieux manier un objet tactile que ses parents. Tout va trop vite et le livre en tant qu'objet est une de nos bouées de sauvetage pour rester dans le monde réel.
- les pro-écologistes : les livres tueraient trop de forêts donc il est normal de passer au numérique. Débat très houleux et stérile la majeure partie du temps, d'autant plus que c’est faux, le livre n'est pas le grand destructeur des forêts.
- les artistes et les éditeurs engagés (même chez les plus gros) : le numérique n'est qu'une étape supplémentaire de la construction de la page. Nous avons eu le rouleau qui prenaient moins de place que la tablette de pierre mais qui n'était pas facile à lire. Le livre cousu a été le moyen pour les moines et les savants de se faire connaître de leur entourage durant des siècles. Si nous sommes restés à cette étape depuis la fin de l'Antiquité, c’est parce qu'on optimisé la matière de la page, la mise en page des textes et surtout le recyclage. Après les peaux, le parchemin, les chiffons et le papier à base de bois, le numérique s'ouvre comme une ouverture potentielle vers l'éternel recyclage et vers une nouvelle sorte de mise en page.
Plus portatif qu'un livre de poche et avec une qualité de lecture de pus en plus confortable, il devient plus intéressant d'acheter un livre numérique plutôt qu'un livre de poche au papier recyclé, dont l'encre reste sur vos doigts parce que l'éditeur a décidé d'avoir une qualité d'impression basse pour un meilleur rendement.
Le combat des prix : livre de poche contre livre numérique
Peu importe ce que vous lirez des gens qui haïssent les éditeurs, notamment les libraires, si le livre numérique est si haut ce n'est pas forcément pour se faire du fric. Ça l'est quand même, mais tous les éditeurs cherchent actuellement un moyen de placer le livre numérique dans l'économie du livre.
Seule la jeunesse semble s'en sortir car elle peut créer des entités uniques ou reprendre leur fonds pour l'enrichir à partir d'animations simples ou de sons. Pour le moment, la littérature souffre d'un combat entre le livre de poche et le livre numérique. Si des lois ont été votées pour que le prix numérique s'aligne sur le prix du livre poche, la remise des libraires ne s'applique pas. En d'autres termes, si vous achetez votre livre à la Fnac/à Virgin avec votre carte adhérent ou sur Amazon.com et Fnac.com, le livre de poche vous paraîtra toujours moins cher.
Idéalement, le but serait de mettre le livre numérique en queue de réédition. Le problème étant que les gens qui achètent leurs liseuses veulent des livres de suite et surtout des nouveautés. Parce que les classiques, ils sont gratuits mais on aimerait bien rentabiliser un peu l'achat de la machine. C'est que vous voyez que les dernières sorties coûtent seulement 10% que le livre physique. Le livre numérique n'a donc aucune place pour le moment et chacun fait un peu à sa sauce. La législation autour du livre numérique est floue et le ministère de a culture actuelle essaie de rétablir l'ordre, en cohésion avec les lois européennes.
Le numérique : la mort des librairies indépendantes ?
C'est tout nouveau, tout neuf et seules les grandes surfaces culturelles ou les pure players (entreprise ne venant originellement du secteur pour lequel elle vend ses produits. Ex : Amazon et les couches pampers / Google et les smartphones) sont capables de proposer des liseuses ou des tablettes. Les supermarchés et les hypermarchés essaient de rattraper leur retard. Leclerc et Casino ont été les premiers avec Virgin à proposer le Kindle en France. Auchan fait partie des bénéficiaires de la Nexus 7, etc.
Les librairies indépendantes, déjà bien attaquées par la VPC d'Amazon, se sentent au bord du gouffre et complètement lâchées par les éditeurs. L'ambiance n'était déjà pas au beau fixe. A moins de créer un partenariats avec un constructeur de liseuse, la librairie ne peut pas s'assurer sa pérennité pour l'avenir du livre. Car le livre numérique est là , il ne partira pas. La solution est donc de faire cotoyer les deux formats, côte à côte. Qui dit liseuse, dit formation pour aider les clients à récupérer leurs livres numériques : téléchargement sur les sites, factures automatiques, etc. Il faut donc que les libraires soient formés ou qu'ils embauchent un nouveau personnel. Chose impossible avec la crise qu'ils passent. Les DRM, hantise absolue de tout le monde, n'est pas plus le meilleur moyen de se protéger et, bien au contraire, fait fuir tous les lecteurs potentiels.
Certains enseignes de librairies indépendantes s'essaient aux partenariats. Chapitre est avec France Loisirs mais propose aussi sa propre liseuse.
Le numérique : une flopée de devices qui tourne la tête
On ne comprend plus rien. Liseuses ? Tablettes ? Liseuses à écran rétro-éclairés mais en fait non ? C'est quoi un reader aussi ? Petit tour vers des définitions simples.
Liseuse / reader : device de la taille d'un livre de poche qui permet de lire en noir et blanc de la littérature. Utilise l'encre électronique, du même genre que les Game Boy ou les tableaux magiques de notre enfance. Aucune gêne durant la lecture car similaire à une feuille de papier.
Tablette : modèle réduit du netbook, le clavier et les logiciels de bureautique en moins. Objet destiné au divertissement pour y télécharger des applications, des films, des livres ou consulter le net. Permet de lire des BD en couleurs.
Tous les ans, vous verrez de nouvelles générations de liseuses. En trois ans, on est passé de la liseuse de la taille d'un livre grand format avec un écran grisâtre type game boy à une liseuse avec avec lumière intégrée pour lire dans le noir. Mais attention, la lumière est dirigée vers la feuille. Soit dit en passant, si la lumière est forte, il y aura réverbération sur vous puisque la feuille est blanche. C'est le même phénomène que quand vous allez au ski. L'année prochaine, peut-être que les liseuses seront à encre électronique en couleurs !
L'arrivée fulgurante du numérique dans les foyers les moins démunis enclenche une bataille des prix tout aussi puissante. Les constructeurs et vendeurs se taclent pour savoir qui sortira l'outil le moins cher. Petit tour d'horizon actuel :
- la Fnac est en partenariat avec kobo, racheté par Rakuten. Il existe 3 versions de liseuse (tactile normal, tactile mini, tactile éclairé) et une tablette de 7 pouces.
- Amazon s'est lancé dans la production de liseuse, de tablettes et dans la promotion de l'auto-édition. Très mal vu de toute la chaîne éditoriale car il tend à tuer tous les métiers des maillons, il n'en reste pas moins que leurs produits répondent à des attentes simples et directes pour les particuliers sans librairie à proximité.
- Apple régit les éditeurs français. C'est Dieu. Il est le seul à pouvoir donner la possibilité de créer des mises en page fixes pour les epubs actuellement. Il dirige les conditions des prix, de référencement, de censure, etc. Les produits sont connus.
- Cybook se vend chez Virgin et Chapitre. Il tente de percer comme un constructeur franco-français, vendant des produits français en Europe. Le phénomène de marques des deux premiers visent à le faire oublier. Du coup, ses innovations technologiques qui sont testées depuis longtemps dans leur locaux n'apparaissent que tardivement, quand les plus gros ont déjà acheté le brevet. Cybook se limite aux liseuses mais tient à être le premier à sortir une liseuse en couleurs.
- txtr a fait le buzz d'un des plus gros salons de l'édition. Pour 10€, vous avez une liseuse noire et blanc pour lire vos romans et c'ets tout. Pas de wifi, pas de 3G, pas d'applications. Juste une bibliothèque. Le constructeur souhaite qu'elle s'étende dans tous les foyers européens en la proposant aux services de téléphonie nationaux.
Absolument toutes les machines se valent. Vous n'achetez pas un produit en fonction de ses capacités, mais par rapport à son bouquet d'offres. La Fnac est française et compte sur la fidélisation de ses clients et de ses coups de pubs pour faire entrer le numérique dans les foyers de grands lecteurs (plus de 20 romans par an). Amazon veut radier Apple d'Europe pour devenir le maître du monde. Ils ont aussi un excellent relationnel avec ses clients et se plient à leurs demandes pour les fidéliser. Cybook est encore méconnu et subit de nombreux dommages : qualité de produits réduite, défauts de fabrication, OS bugué, etc.
La bataille des tablettes / liseuses est commerciale, mais aussi une question scientifique. Qui réussira le prodige de combiner toutes nos utilisations sur un même support ? Téléphone, mails, internet, lecture, applications, etc. De même, des scientifiques se penchent sur des questions d'ordre physique : rendre roulable le device par exemple.
Et l'écriture dans tout ça ?
Internet n'a pas attendu la révolution numérique du livre pour ouvrir des plate-formes communautaires avec commentaires des lecteurs. Cependant, certains auteurs tentent de centraliser ce système sur leur propre personne : tenir un blog feuilleton et faire participer les lecteurs en écoutant leurs avis. La place de l'éditeur est en jeu, ne croyez pas que le numérique ne réprimande que les acheteurs ou les revendeurs. L'auteur tend de plus en plus à devenir auto-éditeur. C'est la situation rêvée parce qu'on pense qu'on dépense moins d'argent. Hors, les plateforme d'auto-édition ne sont pas forcément au point. Vous pourrez hurler en voyant la qualité déplorable des epubs, les mauvaises coupes, les retours chariots, etc. L'epub, c’est le futur de demain mais il faut savoir le penser. Un auteur a déjà beaucoup de travail à faire de son côté et ce n’est pas parce qu'on dématérialise un objet que l'on peut tout faire soi-même. Le livre subit le même engouement qu'à la période de la grande bulle de l'informatique.
A côté de ça, les écrivains veulent revoir leurs droits d'auteur à la hausse. Sujet très sensible car elle implique de voir réellement combien coûte un livre numérique à un éditeur (gros éditeur = service de fabrication donc gens supplémentaires). Le Syndicat des Auteurs pourra vous donner l'aperçu très revendicateur.
Et les lecteurs dans tout ça ?
A vous de donner vos impressions. Elles seront peut-être négatives, mais sachez que nous ne sommes qu'au début d'une nouvelle ère. Il est normal de rejeter en bloc un tel phénomène, surtout dans une société de consommation comme la nôtre. Rappelez-vous que pour le moment, on tend aussi faire acheter les lecteurs pour avoir des retours d'eux. Ce n'est que comme ça que le secteur de l'édition pourra évoluer.